Quatre ans plus tard, des manifestants irakiens pacifiques sont toujours portés disparus

Quatre ans plus tard, des manifestants irakiens pacifiques sont toujours portés disparus

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Le 1er octobre 2023 marque le quatrième anniversaire du début des manifestations antigouvernementales, connues sous le nom de « soulèvement de Tishreen », qui ont éclaté dans plusieurs gouvernorats d’Irak. Les manifestations contre le chômage, la corruption et la médiocrité des services publics ont donné lieu à un recours excessif et inutile à la force meurtrière, y compris à balles réelles, pour disperser les manifestants, entraînant d'importants morts et blessés, comme indiqué dans le rapport de mission du Comité des disparitions forcées (CED) des Nations Unies. visite en Irak, présentée le 5 avril 2023.

Leur rapport fait également référence aux enlèvements et aux détentions arbitraires de manifestants, dont beaucoup ont toujours disparu de force.

Dans son rapport annuel 2021, le CED a expliqué avoir fait état de 28 demandes d'action urgente liées à la disparition de personnes qui avaient participé aux manifestations d'octobre 2019 ou qui avaient apporté un certain soutien aux participants. Si 12 de ces actions urgentes ont été clôturées après la localisation et la libération des personnes, au 1er avril 2021, les autorités irakiennes n'avaient pas encore répondu à 13 des demandes restantes.

Plus inquiétant encore, les autorités irakiennes n'ont encore fourni aucune information sur les mesures prises pour rechercher les personnes disparues ou enquêter sur leur disparition.

Parmi les personnes portées disparues à ce jour figurent :

Abdel-Messih Roméo Jean Sarkis, journalier de Bagdad, enlevé dans la nuit du 1er mars 2020 place al-Kuhlani.

Oussama al-Tamimi, photographe indépendant, disparu le 2 janvier 2020 près de la place al Tahrir à Bagdad. Il avait filmé les manifestations avec son appareil photo et avait été enlevé alors qu'il rentrait chez lui.

Tawfiq Mohamad Hasan Atwan al-Tamimi, journaliste et rédacteur en chef, disparu le 9 mars 2020 dans le quartier d'Ur à Bagdad. Il avait publié sur Facebook des contenus appelant à la libération de Mazen Latif, éditeur et écrivain disparu en février 2020.

Mahmoud Ali Khaz'al Alak al-Shuwaili qui a disparu le 2 décembre 2019 place Tahrir à Bagdad après avoir quitté la diffusion d'un match de football sur la place. Mahmoud avait assisté à la plupart des manifestations. Il a été vu par un ancien détenu à l’intérieur de la prison de l’aéroport de Bagdad en août 2020.

Ali Jasib Hattab al-Heliji, avocat spécialisé en droits humains, enlevé dans la ville irakienne d'Amarah le 8 octobre 2019.

Sajjad al-Mishrifawi (également connu sous le nom de Sajjad al-Iraqi), un éminent militant qui a disparu le 19 septembre 2020, après que lui et son ami ont été attaqués par plusieurs miliciens dans sa voiture dans la région d'al-Azirj.

Le gouvernement irakien doit prendre des mesures urgentes pour résoudre le problème dévastateur des disparitions forcées dans le pays, conformément aux recommandations prioritaires énoncées par le CED dans son rapport de mission, et comme l'ont exhorté plus de 70 organisations de la société civile plus tôt cette année.

L’Iraq devrait en particulier intégrer le crime de disparition forcée dans son droit interne en tant qu’infraction autonome. Suite à sa visite, le Comité a constaté que « le silence législatif sur les disparitions forcées s'accompagne de l'absence de procédures spécifiques pour la recherche des personnes disparues et d'enquête correspondante », ajoutant que cela « alimente la confusion entre les notions, empêchant ainsi l'identification claire des personnes disparues ». de l’étendue du crime et de la responsabilité de l’État. Le CED a donc exhorté le gouvernement irakien à « créer un cadre juridique unique pour traiter tous les cas de disparition forcée ».

En outre, le Comité a également demandé de mettre fin aux « pratiques qui entravent l'accès à la justice et perpétuent les disparitions forcées, notamment par la modification de la législation qui conditionne l'accès des victimes à leurs droits au résultat de contrôles de sécurité peu fiables », car cela constitue « un autre facteur d’impunité ».