l’ONU s’inquiète du sort de centaines de personnes manquant à l’appel à l’hôpital Al-Aqsa

l’ONU s’inquiète du sort de centaines de personnes manquant à l’appel à l’hôpital Al-Aqsa

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Gaza : l’ONU s’inquiète du sort de centaines de personnes manquant à l’appel à l’hôpital Al-Aqsa

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) ont rapporté lundi que la majorité du personnel médical, ainsi qu’environ 600 patients, ont été contraints de quitter le complexe pour des lieux inconnus, sans que l’on sache où ils se trouvent.

« L’OMS a reçu des informations inquiétantes faisant état d’une intensification des hostilités et d’ordres d’évacuation permanents à proximité de l’hôpital Al-Aqsa, dans la zone intermédiaire de la bande de Gaza », a déclaré sur le réseau social X, le Directeur général de l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU, Tedros Adhanom Ghebreyesus. « Selon le directeur de l’établissement, plus de 600 patients et la plupart des professionnels de la santé ont été contraints de quitter les lieux. Leur localisation n’est pas connue à l’heure actuelle ».

Scènes chaotiques
Le personnel de l’OMS et de l’OCHA a visité dimanche le seul hôpital opérationnel dans le gouvernorat de Deir el-Balah, au centre de la bande de Gaza. Les deux agences humanitaires onusiennes ont décrit des scènes chaotiques alors que le personnel restant à l’hôpital continue d’essayer de faire face à un afflux de blessés au moment où « les lourds bombardements israéliens aériens, terrestres et maritimes se sont intensifiés sur une grande partie de la bande de Gaza ».

Le chef de l’OMS a déclaré que son personnel avait été témoin de « scènes écœurantes de personnes de tous âges soignées sur des sols couverts de sang et dans des couloirs chaotiques ».

« Al Aqsa est l’hôpital le plus important de la zone médiane de Gaza et doit rester fonctionnel et protégé pour assurer ses services vitaux », a affirmé le Dr Tedros, relevant qu’une nouvelle érosion de sa capacité à fonctionner ne peut être autorisée. « Face à de tels traumatismes, blessures et souffrances humanitaires, il s’agirait d’un scandale moral et médical ».

L’hôpital a fait état de besoins immenses, notamment en personnel de santé, en fournitures médicales, en lits et en services de protection contre les frappes et les hostilités.

Mission annulée pour des raisons sécuritaires
Par ailleurs, l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU a indiqué avoir annulé dimanche une autre mission prévue à l’hôpital Al-Awda, au nord de la bande de Gaza. Il s’agit du quatrième report depuis le 26 décembre pour des raisons de garanties sécuritaires. Selon l’OMS, la mission prévoyait d’acheminer des fournitures médicales urgentes pour soutenir les opérations de cinq hôpitaux dans le nord, y compris Al-Awda.

Ce nouveau report intervient alors que cela fait près de deux semaines qu’elle rencontre des difficultés à atteindre le nord de la bande de Gaza. Or sur le terrain, l’OMS indique que les hôpitaux du nord de la bande de Gaza sont totalement hors service.

Le Dr. Tedros s’est dit choqué par l’ampleur des besoins sanitaires et de la dévastation dans le nord de la bande de Gaza. « Un accès urgent, sûr et sans entrave à la région est nécessaire pour acheminer l’aide humanitaire. Tout retard supplémentaire entraînera encore plus de morts et de souffrances pour un trop grand nombre de personnes », a-t-il fait valoir.

« Trois mois après le début de ce conflit, aucun hôpital ne fonctionne pleinement dans le nord de Gaza, où une autre mission de l’OMS a été annulée aujourd’hui en raison des dangers et de l’absence des autorisations nécessaires. Ailleurs dans la bande de Gaza, seule une poignée d’établissements de santé fonctionnent », a regretté le Dr Tedros.

Des fournitures médicales pour aider 5.000 patients
Selon l’OMS, « les bombardements intensifs, les restrictions de circulation et l’interruption des communications font qu’il est pratiquement impossible d’acheminer régulièrement et en toute sécurité des fournitures médicales dans la bande de Gaza, en particulier dans le nord ».

Dans ces conditions, la plupart des hôpitaux manquent cruellement de personnel, les agents de santé ayant quitté les lieux en raison des ordres d’évacuation ou de l’insécurité. « En l’absence de soins de santé adéquats, la souffrance à Gaza s’accroît d’heure en heure ».

« Les blessés ne sont souvent en mesure d’atteindre les médecins que plusieurs jours ou semaines après avoir été blessés, parfois avec de graves infections, ce qui réduit la possibilité de sauver leurs membres », a décrit aux équipes de l’OMS et d’OCHA, le Dr Mohamed Obied, consultant en orthopédie à l’hôpital Al-Awda. Selon ce responsable, les établissements de santé ne disposent pas du personnel spécialisé, des médicaments ou de l’équipement nécessaires pour soigner ces blessures.

Les médecins sont confrontés au choix difficile de pratiquer des amputations au-dessus du genou plutôt qu’en dessous. Ces amputations posent des problèmes de rééducation et peuvent nuire à la qualité de vie future des patients.

Sur le terrain, les équipes onusiennes tentent de venir en aide aux populations. L’OMS a ainsi livré des fournitures médicales pour aider 4.500 patients ayant besoin de dialyse pendant trois mois et 500 patients ayant besoin de soins de traumatologie.