L’élite et le tabagisme : le paradoxe de la conscience et de la dépendance  À l’occasion de la Journée mondiale sans tabac – 31 mai

L’élite et le tabagisme : le paradoxe de la conscience et de la dépendance À l’occasion de la Journée mondiale sans tabac – 31 mai

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L’élite et le tabagisme : le paradoxe de la conscience et de la dépendance

À l’occasion de la Journée mondiale sans tabac – 31 mai

Par : Dr. Abdulsamad Mukhlif


Chaque 31 mai, le monde se regarde dans le miroir de la santé publique à l’occasion de la Journée mondiale sans tabac.
Une journée consacrée à alerter l’humanité sur ce tueur silencieux qui ne fait pas de distinction entre riches et pauvres,
entre illettrés et intellectuels. La grande contradiction à souligner ici est la propagation du tabagisme
même parmi les membres de « l’élite » – ceux qui sont censés être les plus conscients : intellectuels, médecins, responsables et leaders d’opinion.

Pourquoi les médecins fument-ils ?


Lorsque vous voyez un médecin expliquer les dangers du tabac le matin, puis fumer une cigarette le soir,
vous ne pouvez vous empêcher de vous demander : la conscience suffit-elle pour changer ?
La psychologie affirme que la conscience du problème ne garantit pas l’arrêt.
Il existe des facteurs plus profonds que la connaissance qui influencent le comportement du fumeur,
même s’il est médecin ou universitaire.

1. Dépendance psychologique et conditionnement :


Le tabagisme ne commence souvent pas par un besoin biologique, mais comme un acte social ou un moyen d’échapper au stress.
Il évolue progressivement en un « faux ami » dans les moments de tension, puis devient une habitude associée à des situations précises :
avec le café, après le travail, pendant la réflexion. Cela s’appelle le conditionnement en psychologie.

2. Sentiment d’infériorité et quête d’identité :


Chez certains, en particulier à l’adolescence, fumer commence comme une tentative de prouver sa « maturité » ou sa « virilité »,
ou pour s’identifier à une image perçue comme attirante dans les médias ou parmi les pairs.
Malheureusement, certains conservent ce sentiment à l’âge adulte sans réaliser que fumer n’est pas un signe de prestige,
mais le symptôme d’un problème plus profond : le manque d’estime de soi.

3. L’élite et la pression de la perfection :


Le médecin ou l’intellectuel, toujours censé être un modèle, peut trouver dans le tabac une échappatoire secrète –
une rébellion silencieuse contre l’image parfaite que l’on attend de lui.
C’est en réalité une réponse psychologique à une pression interne constante,
et non une conviction réelle en faveur du tabac.

Traitement de la dépendance au tabac : une approche psychologique et pratique


Cesser de fumer n’est pas qu’une décision, c’est un parcours en plusieurs étapes nécessitant une compréhension profonde des motivations psychologiques
et une approche pratique fondée sur des bases scientifiques. Voici les méthodes principales :

1. Thérapie cognitivo-comportementale (TCC) :


Une des techniques psychologiques les plus efficaces contre la dépendance.
Elle consiste à identifier les déclencheurs, à restructurer les pensées
(par exemple transformer « fumer me détend » en « fumer nuit à ma santé et ne résout rien »),
et à fournir des alternatives immédiates (mâcher un chewing-gum, respirer profondément, marcher...).

2. Soutien de groupe et accompagnement psychologique :


Participer à des séances de soutien collectif, comme les programmes d’arrêt du tabac dans les hôpitaux ou associations de santé,
renforce la motivation, favorise l’échange d’expériences et fournit des modèles positifs.

3. Traitement médicamenteux (substituts nicotiniques et médicaments) :


Sous la supervision d’un médecin, les options suivantes peuvent être utiles :

- Substituts nicotiniques (patchs, gommes, sprays) pour atténuer les symptômes du sevrage.
- Médicaments comme la varénicline (Champix) et le bupropion (Zyban) qui réduisent l’envie de fumer.

4. Applications mobiles et suivi numérique :


Les applications mobiles permettent de :
- comptabiliser les cigarettes évitées,
- calculer les économies réalisées,
- suivre les bénéfices pour la santé,
- recevoir des messages de motivation quotidiens.

5. Arrêt progressif vs arrêt brutal :


Certaines personnes préfèrent réduire progressivement en introduisant des alternatives saines,
tandis que d’autres optent pour un arrêt net (« méthode du choc ») accompagné d’un soutien psychologique renforcé.

6. Hypnothérapie :


Certains ont recours à l’hypnose pour reprogrammer leur subconscient et développer une aversion au tabac.
Cette méthode est efficace chez les personnes très motivées.

Rôle de la famille et de la société :


- Le soutien familial est crucial pour prévenir les rechutes.
- Les médias et l’éducation doivent aller au-delà des images de maladie et promouvoir des histoires de réussite et des alternatives pratiques.

La libération commence de l’intérieur :


Comprendre la dangerosité du tabac ne suffit pas – il faut également une volonté intérieure, une préparation psychologique
et un plan d’action pratique. Celui qui veut vraiment vivre laissera tomber la cigarette.

Message pour la Journée mondiale sans tabac :


Le tabagisme n’est pas seulement un problème de santé, c’est aussi un problème psychologique, culturel et éducatif.
Nous ne vaincrons le tabac qu’en affrontant d’abord nos illusions intérieures.
L’élite n’en est pas exempte – au contraire, leur influence rend leur libération d’autant plus essentielle pour la société.