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0032 02 7322568droits de l'homme
Les Noirs ont trois fois plus de chance que les Blancs d’être tués par la police aux États-Unis, selon une nouvelle étude publiée jeudi par des experts mandatés par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU.
Selon le Mécanisme des Nations Unies pour la justice raciale dans l’application de la loi, le racisme systémique à l’encontre des personnes d’ascendance africaine est omniprésent dans les forces de police et le système de justice pénale des États-Unis, et les autorités américaines doivent de toute urgence redoubler d’efforts pour les réformer.
Les experts indépendants onusiens se sont ainsi dit alarmés par les chiffres et les circonstances dans lesquelles des personnes sont tuées par la police aux États-Unis.
Chaque année, plus de 1.000 personnes seraient tuées par les forces de l’ordre dans l’ensemble du pays. Les données disponibles montrent que les Noirs sont trois fois plus susceptibles d’être tués par la police que les Blancs, et les rapports suggèrent que 33% de toutes les personnes tuées entre 2015 et la première moitié de 2023 couraient, conduisaient ou tentaient de fuir les forces de l’ordre.
« Nous rejetons la théorie de la [pomme pourrie]. Des preuves solides suggèrent que le comportement abusif de certains policiers fait partie d’un schéma plus large et menaçant », a déclaré Juan Mendez, un expert membre du Mécanisme.
4,5 fois plus de risques d’être incarcérés que les Blancs
Le rapport indique que les Noirs américains ont 4,5 fois plus de risques d’être incarcérés que les Blancs. Selon un rapport spécial du ministère de la Justice, les Noirs sont trois fois plus susceptibles de faire l’objet d’une menace de recours à la force et 11 fois plus susceptibles de faire l’objet d’un comportement répréhensible de la part de la police (insultes, préjugés ou comportements sexuels répréhensibles) que les Blancs.
Le rapport fait suite à la visite officielle du mécanisme aux États-Unis au début de l’année, au cours de laquelle le Mécanisme a entendu les témoignages de plus de 130 personnes affectées, visité cinq centres de détention et tenu des réunions avec des groupes de la société civile et une série d’autorités gouvernementales et policières dans le district de Columbia, à Atlanta, Los Angeles, Chicago, Minneapolis et New York City.
Plus largement, le rapport constate que le racisme aux États-Unis - héritage de l’esclavage, de la traite des esclaves et des cent ans d’apartheid légalisé qui ont suivi l’abolition de l’esclavage - continue d’exister aujourd’hui sous la forme de profilage racial, d’assassinats par la police et de nombreuses autres violations des droits de l’homme. Le racisme systémique crée des associations néfastes et fallacieuses entre la race noire et la criminalité et la délinquance.
« Les institutions chargées de l’application de la loi et de la justice pénale aux États-Unis partagent et reproduisent les valeurs, les attitudes et les stéréotypes de la société et des institutions américaines », a ajouté M. Mendez, relevant que ces attitudes et stéréotypes doivent être réformés.
Profilage racial
Par ailleurs, certains faits suggèrent qu’un certain nombre d’autres meurtres d’Africains et de personnes d’ascendance africaine liés à la police se produisent également dans le cadre d’opérations spéciales, telles que celles qui impliquent des mandats « no-knock » (sans frapper), leur permettant d’entrer au domicile de la personne sans avertissement. Au cours de la visite, le mécanisme a entendu des dizaines de témoignages déchirants de parents de personnes d’ascendance africaine tuées par la police.
Le Mécanisme indique avoir pu ressentir le profond manque de confiance des personnes d’ascendance africaine dans les forces de l’ordre et les systèmes de justice pénale, principalement en raison « des violences policières historiques et continues subies, et du sentiment d’oppression systémique et d’impunité pour ces violations ». Avant et pendant la visite, le mécanisme a reçu des preuves continues qui suggèrent que le profilage racial est utilisé comme base pour des contrôles d’identité discriminatoires, des interpellations, des arrestations et des abus et violences connexes, y compris des blessures graves et des décès par les forces de l’ordre.
Le rapport cite avec une profonde inquiétude des cas d’enfants d’origine africaine condamnés à la prison à vie, de femmes enceintes enchaînées pendant l’accouchement et de personnes maintenues à l’isolement pendant dix ans. Il a également décrit comment certaines personnes sont soumises au travail forcé dans des prisons de type "plantation", ce qui constitue une forme contemporaine d’esclavage.
Sur plus de 1.000 cas d’homicides commis par la police, seul 1 % donne lieu à une inculpation
S’agissant de la lutte contre l’impunité, le document indique également que sur plus de 1.000 cas d’homicides commis par la police chaque année, seul 1% donne lieu à une inculpation. Le rapport invite les services de police à s’attaquer aux problèmes de racisme systémique à l’encontre des agents noirs chargés de l’application de la loi et aux problèmes liés à l’idéologie de la suprématie blanche au sein de ces services.
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