Alors que la pandémie de COVID-19 se poursuit

Alors que la pandémie de COVID-19 se poursuit

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Alors que la pandémie de COVID-19 se poursuit, il en va de même pour ses effets dévastateurs sur les personnes les plus vulnérables. Les migrants ont été parmi les plus touchés, leurs droits à la vie, à la santé, au travail et à la protection sociale étant constamment menacés.

Comme le souligne un sur la situation en Libye, les risques en matière de droits de l’homme pour les migrants – qui étaient déjà confrontés à des violations telles que la disparition forcée, la violence physique et sexuelle, la détention arbitraire, la discrimination, la xénophobie, l’exploitation et la traite – n’ont fait que se multiplier en raison de la COVID-19. 

Alors que des milliers de migrants continuent d’emprunter par bateau la périlleuse route de la Méditerranée centrale depuis la Libye en quête de sécurité et de dignité en Europe, ceux qui restent piégés en Libye, y compris les migrants qui sont dans le pays, sont confrontés à un avenir précaire et très incertain.

Les effets persistants de la pandémie n’ont fait qu’aggraver la situation.

Ce rapport, qui se base sur des recherches et des entretiens menés entre mars 2020 et juin 2021, dépeint la situation des migrants en Libye dans le contexte de la pandémie, et demande instamment que les droits de l’homme des migrants soient respectés et garantis, tandis que la lutte contre la COVID-19 et les efforts de relèvement se poursuivent.

Les migrants sont victimes de discrimination dans l’accès aux soins de santé en Libye

« J’avais mal et je saignais », a raconté Abdul**, un jeune migrant soudanais de 16 ans qui a tenté d’obtenir des soins après avoir été blessé dans un accident à Tripoli. « J’ai pris de l’argent et je suis allé à l’hôpital. Je voulais à tout prix que la douleur s’arrête. Une fois arrivé, personne n’a voulu m’aider. On m’a dit qu’aucun docteur ne pouvait s’occuper de moi. On m’a tout simplement demandé de partir. »

Même avant la pandémie de COVID-19, l’accès aux soins médicaux était à un stade critique, les systèmes de santé du pays étant débordés et manquant cruellement de ressources. Les migrants avaient encore moins accès aux soins de santé en Libye que la population générale. Selon une évaluation menée par le près de deux tiers des ménages de migrants et réfugiés ont déclaré avoir des difficultés à accéder aux soins de santé, contre 50 % des ménages libyens.

Avec le début de la pandémie, les installations médicales ont été encore plus surchargées et l’accès au dépistage, à la prévention et au traitement a été limité. Lorsque les vaccins sont devenus disponibles dans le monde entier, ils étaient rares en Libye, et le sont encore aujourd’hui.

Selon le rapport, les hôpitaux et les autorités sanitaires en Libye ont ouvertement discriminé les migrants, refusant de leur offrir des services médicaux ou des soins sur la base de leur statut migratoire. 

De nombreux migrants craignent également de se faire soigner, en raison du risque d’arrestation et de détention arbitraires lié à leur statut de migrant « irrégulier ». Une femme, qui avait survécu à un naufrage et vu des hommes, des femmes et des enfants se noyer, a raconté son arrestation alors qu’elle se rendait dans un hôpital.

 « J’étais tellement exténuée et traumatisée », a-t-elle décrit. « Je suis allée à l’hôpital avec un bébé et d’autres femmes. La police est arrivée et nous a toutes arrêtées. Nous étions trempées et n’avions aucun vêtement de rechange. Au lieu de s’occuper de nous, on nous a emmenées dans un centre de détention et emprisonnées. »

Dans son rapport, l’ONU Droits de l’homme appelle le Gouvernement libyen à garantir un accès rapide et efficace aux soins de santé pour toutes les personnes, quel que soit leur statut migratoire. Il demande également que l’on garantisse l’inclusion des migrants dans les programmes de vaccination, en donnant la priorité à ceux qui présentent un risque élevé de contracter la COVID-19.

Un appel en faveur d’une société plus juste au lendemain de la pandémie

Le rapport souligne l’aggravation d’une situation qui était déjàen Libye, où les écarts dans le domaine de la protection sociale se sont encore creusés, et où le respect et la protection des droits de l’homme des migrants ont été sérieusement compromis.

« La COVID-19 nous a montré qu’exclure et discriminer des groupes de population nous rend tous plus faibles », a déclaré la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme Michelle Bachelet. « Pour construire des sociétés plus résilientes et résistantes à toutes sortes de chocs, nous devons nous montrer plus solidaires. »

Faisant écho à cette déclaration, le rapport indique qu’en appliquant ses recommandations, le Gouvernement libyen peut prendre des mesures concrètes pour endiguer les effets négatifs de la pandémie, mieux se rétablir et créer une « société plus juste, plus résiliente, plus prospère et plus pacifique en Libye et au-delà »